« PEPITE d'ART » : 3 œuvres pour parler d'amour

Qu'est-ce qu'aimer ? Comment peut-on prouver son amour aux yeux du monde ? Comment montrer un sentiment qui n'est ni visible, ni tangible, ni palpable ? Mais est-ce bien là le but que nous devons accomplir ? L'amour ne se vit-il pas, tout simplement ?

Cette semaine, je vous propose trois œuvres pour parler d'amour et des différentes formes qu'il peut adopter : un livre CD pour enfant où l'amour familial réchauffe les âmes, un film où un amour sain et un amour obsessionnel s'affrontent pour conquérir le cœur d'une jeune fille et un livre classique où l'amour ne peut grandir que s'il s'accompagne de la stabilité financière du futur époux.

3 oeuvres pour parler d'amour

Idées pour parler d'amour à tout âge

⇒ Sommaire:

Sommaire

1/Le bout du fil, livre CD

2/Le fantôme de l'Opéra, Film

3/ Raison et sentiments, livre

1/Le bout du fil, livre CD

Thibault Prugne, Lorànt Deutsch, 2012

Qui n'a pas ressenti un peu de solitude ? Mais qui est épargné par ce sentiment ? Il ne se dissipe pas avec l'âge, il peut même se renforcer... mais là où il y a l'amour, la solitude n'est qu'un nuage gris qui s'efface face aux rayons tendres d'un sourire sincère rien que pour nous, cœur isolé et mal en point.

Dans ce livre CD, Lisa, jeune fille de 10 ans, communique avec son voisin, un centenaire du nom de Kunio, par l'intermédiaire d'un fil qui relie leurs deux fenêtres. Ermite dans son propre appartement, terrifié par le monde extérieur, qu'il préfère regarder de sa fenêtre, Kunio chérit des bonsaïs, dont il prend soin avec un amour tendre et familial.

Dans ce conte délicat, chacun apprend de l'autre : la petite écoute la vie riche d'un homme isolé, quand lui redécouvre le monde par la gentillesse de sa voisine. Véritable ode à l'amour familial, à l'écoute des autres et au soin que nous devons apporter à nos anciens, Le bout du fil met la lumière sur cette beauté de la vie, que l'on oublie souvent par nos soucis et nos préoccupations, mais que l'on retrouve aisément par un beau moment passé en famille, avec les gens que l'on aime.

2/Le fantôme de l'Opéra, Film

Joel Schumacher, 2004

En cette fin de XIXe siècle français, Christine Daaé est une jeune danseuse de seize ans à l'Opéra populaire. Dotée d'une voix angélique, elle doit la perfection de son talent grâce à un mystérieux professeur, l'Ange de la musique, qui lui est aussi dévoué que possessif.

Mais lorsque Christine retrouve son amour d'enfance, Raoul, vicomte de Chagny et nouveau bienfaiteur de l'Opéra, tous deux retombent éperdument amoureux l'un de l'autre, ce qui ne manque pas de déchaîner la fureur du Fantôme de l'Opéra. Ombre apportant la terreur et la mort, grand illusionniste et compositeur de génie, il est obsédé par Christine et semble connaître les entrailles du bâtiment comme sa poche...

Quand on veut parler d'amour, on songe d'abord à une romance saine : à deux jeunes gens qui s'aiment, et qui n'ont que de bons sentiments l'un pour l'autre. Ici, ce sont deux formes d'amour qui se confrontent : l'amour sincère, que porte Raoul à Christine, et l'amour obsessionnel, qui embrase le Fantôme pour la jeune et naïve danseuse.

Dans ce film, tout est fait pour que nous, spectatrices, tombions d'abord sous le charme du fantôme. Mystérieux, secret, son interprète Gerard Butler – dont le manque d'expérience en chant sert parfaitement son personnage tant il est compensé par sa voix suave et envoûtante – représente l'interdit pur. Le Fantôme nous entraîne dans des lieux secrets, semble totalement dévoué à Christine, et lui offre tout son savoir afin qu'elle devienne la Soprano attitrée de l'Opéra.

Mais en revoyant ce film une seconde fois, la magie de la passion envolée, l'amour de Raoul se présente comme le seul qui soit vraiment ancré dans la réalité : il veut la protéger, la chérir, quand le fantôme veut en faire sa Muse, par là sa poupée, sans aucun libre arbitre.

Oui, si le fantôme est un grand magicien, les illusions dont il use pour charmer Christine, et nous charmer aussi, s'effondrent comme un fragile château de cartes face à la droiture et à l'intégrité du vicomte. Car lui sait que l'amour, le vrai, ce n'est pas emprisonner l'être aimé pour qu'il reste toujours avec nous. C'est, au contraire, lui laisser la liberté de nous aimer sans jamais chercher à le retenir par des menaces ou la terreur...

Mais est-ce vraiment un recul que la jeune Christine peut avoir ? Ou ne s'est-elle pas donnée à cœur perdu à cet amour de façade, où le Fantôme aime plus l'image qu'il s'est façonné d'elle, plutôt que la femme qu'elle est réellement, et que Raoul adore ? À vous de le découvrir...

3/Raison et sentiments, livre

Jane Austen, 1811

Quelles étaient les perspectives d'une jeune femme respectable en ce début de XIXe siècle anglais ? D'une jeune femme que le rang n'aurait jamais accepté qu'elle ait un métier, encore moins en-dessous de la convenance – comme celui de domestique. Bien évidemment : elle ne pouvait rêver que de se marier. Dans un écho parfait au monologue d'Amy dans le film « Little Women » de Greta Gerwig (2019), les femmes issues d'une famille avec un bon revenu ne pouvaient, à cette époque, que rêver à un beau mariage, avec un mari convenable, qui leur apporterait une sécurité financière.

Dans Raison et Sentiments de Jane Austen (dont je vous avais précemment la version série d'Orgueil et préjugés), dont l'action se déroule un demi-siècle plus tôt, Madame Dashwood, récemment veuve, doit se plier aux règles de succession d'alors, qui interdisaient aux jeunes femmes d'hériter de leur père. Tous leurs biens allaient au premier homme de cette lignée, ici le fils de feu Mr.Dashwood, issu d'une précédente union.

Ainsi, Madame Dashwood et ses trois filles se trouvent dans une situation financière particulièrement difficile. Mais dans leur malheur trouve-t-elle un logement abordable dans un cottage, détenu par un lointain parent à elle, le sympathique et bavard Sir John Middleton...

Dans ce roman, les deux sœurs plus âgées, Elinor et Marianne, sont aussi aimantes l'une envers l'autre que différentes. Elinor est plus raisonnable, en accord avec le comportement jugé convenable de l'époque, quand Marianne est l'archétype de l'héroïne passionnée pleine de vie des romans d'amour qu'elle a plaisir à lire. Elle charme sans le vouloir le réservé, fortuné et plus âgé colonel Brandon, quand ses pensées ne vont qu'à Willoughby, jeune homme séduisant et parent d'une tante très riche.

Ici, l'amour n'est encouragé que s'il s'accompagne d'une belle fortune. Comme le dit Mrs Jennings, belle-mère de Sir John, dans l'adaptation cinématographique de 1995, l'union entre Marianne et le colonel Brandon serait idéale : elle est belle et il est riche. Une façon de penser sensée, quand Elinor soulève qu'une femme ne peut pas gagner son propre argent, aussi n'a-t-elle d'autre moyen que d'être agréable et bien éduquée pour attirer un homme fortuné, du moins assez pour être digne de son rang et lui assurer une vie confortable.

Si l'on peut se réjouir aujourd'hui qu'une femme peut poursuivre une éducation et gagner son propre argent, il est bon de prendre un peu de cet amour sensé qui est ici présenté dans l'oeuvre de Jane Austen : celui qui s'intéresse à la condition économique du futur époux, à sa stabilité financière et à son dévouement à notre égard – car quoi de pire qu'un homme riche et rapia ? Comme l'a si bien dit le personnage de Marilyn Monroe dans « Les hommes préfèrent les blondes », comment une femme trouverait-elle le temps d'aimer son mari si elle passe tout son temps à s'inquiéter de l'argent qu'ils n'ont pas ?

Pour conclure, ces trois œuvres nous présentent trois types d'amour dont il est bon de s'inspirer pour vivre une vie équilibrée : l'amour familial, l'amour sain, en opposition à l'amour obsessionnel, et l'amour pour un homme qui améliorera notre vie de femme par sa stabilité financière et sa générosité.

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