Hello, c'est Aimie, la fille de NatieAK ! Dans « Pépite d'Art », je fais la critique d'oeuvres littéraires, cinématographiques, artistiques qui m'ont inspirée, émue ou interpellée. Cette semaine, j'ai privilégié 3 œuvres basées sur des faits réels : une BD sur l'histoire du tueur en série Jeffrey Dahmer, un livre témoignage sur le génocide Tutsi, et un film narrant l'histoire de Joseph Merrick, plus connu sous le nom d'Elephant Man. C'est parti !
Bande dessinée
Derf Backderf, Mon ami Dahmer, Point, 2012
Quelle serait votre réaction, si vous appreniez aux informations que celui qui fut votre camarade de lycée était devenu un tueur en série cannibale ? Mon ami Dahmer est une bande-dessinée créée par Derf Backderf en 1997, dont l'édition augmentée paraît en 2012. Elle retrace l'histoire vraie du tueur en série américain Jeffrey Dahmer, à travers le prisme de son amitié avec l'auteur, John « Derf » Backderf. Ce regard nouveau sur la vie du tueur n'est-il qu'un prétexte à un voyeurisme macabre ?
À gauche, l'auteur Derf Backderf |
Dans Mon ami Dahmer, on y découvre le quotidien de Jeffrey dans les années 1970, avec des parents au bord du divorce, une asocialité frappante, une homosexualité latente, et une fascination pour les cadavres et squelettes d'animaux. Après des coups d'éclat au lycée, où il mime être atteint de handicap mental, Derf et sa bande d'amis décide d'en faire leur mascotte et de l’inclure dans leur groupe.
Si la BD, de part son caractère visuel, pouvait être un support idéal afin d’illustrer les lubies macabres de Dahmer, elle s'en fait surtout le témoin. Elle expose la double vie du personnage, entre sa vie au lycée et la naissance de ses fantasmes dépravés, entre nécrophilie et pulsion de meurtre.
En conclusion, nous pouvons dire que Mon Ami Dahmer, loin d'être voyeuriste, pose surtout la question de l'inaction totale des adultes face à un adolescent transparent, à la famille dysfonctionnelle et sombrant notoirement dans l'alcool. À lire absolument.
Livre
Jean Hatzfeld, Dans le nu de la vie
Récits des marais rwandais, Éditions Seuil, 2000
En 2000, six ans après le génocide qui a frappé le Rwanda, est publié l'ouvrage Dans le nu de la vie de Jean Hatzfeld aux éditions du Seuil. Grand reporter, frappé par l'absence de témoignages sur le génocide Tutsi, il se rend sur place et tente d’entrer en contact avec les survivants.
D'abord un peu méfiants, et au bout d'une entreprise de patience et de confiance, quatorze survivants acceptent de raconter leur histoire. Cependant, un ouvrage voulant offrir un témoignage authentique peut-il réellement adopter la forme et les codes d'un roman ?
En effet, bien que l'on puisse se questionner sur la catégorisation de l'ouvrage en « Fiction & Cie », la forme ici employée ne fait que servir le fond. En tant que lecteurs, nous savons qu'un travail de réécriture stylistique a été opéré après la récolte des témoignages. Cependant, la fluidité qui en résulte permet une lecture simple et agréable, sans pour autant mettre de côté le vocabulaire de la langue rwandaise : « inkotanyi », « mwami »... Les photographies des rescapés et le texte introductif romancé servent leur humanisation, afin de tisser un lien entre les victimes et le lecteur.
À droite, l'auteur Jean Hatzfeld |
Dans le nu de la vie est définitivement un grand témoignage, capital dans la compréhension du génocide Tutsi, en donnant la parole à ceux qui l'ont vécu et y ont survécu. Grâce à sa démarche, Jean Hatzfeld livre ici un ouvrage à lire absolument, tout comme le reste de son triptyque sur le génocide Tutsi : Une saison des machettes et La Stratégie des Antilopes.
Film
David Lynch, Elephant Man,1980
Comment pourrait-on regarder sans dégoût un homme déformé à l'allure d'un monstre de foire ? Pourquoi mériterait-il notre considération ? Qui pourrait aimer un homme éléphant ?
Ignorance, cruauté, mépris, moquerie, rejet, tel était le lot quotidien de Joseph Merrick en cette fin de XIXe siècle londonien, plus connu sous le surnom de l'homme éléphant. Atteint du syndrome de Protée, les premières difformités physiques se développèrent dans sa plus tendre enfance pour l'handicaper toujours plus à l'âge adulte.
Ce film de David Lynch, retrace un pan de sa vie où le Dr Frederick Treves, incarné par Anthony Hopkins, s'intéresse à son cas, qu'il pourrait présenter à ses confrères lors d'un cours d'anatomie à la faculté de médecine. Mais cette fascination du Docteur, pour un homme aussi peu loquace que craintif, ne se ferait-elle pas ressentir à travers l'angle du film ? Utilisant l'histoire de Merrick en en faisant un spectacle de monstre de plus afin de divertir la galerie et de satisfaire son goût pour l'étrange ?
En réalité, le film fait preuve d'une grande délicatesse dans son traitement du personnage de Merrick, interprété par John Hurt. Réalisé en 1980, il choisit délibérément le noir et blanc pour habiller toutes ses scènes, offrant un voile de pudeur par ses teintes monochromes, que seules les émotions et les péripéties – aussi nombreuses que cruelles – viennent habiller, appuyant également la période historique d'une fin de siècle victorien bien strict, froid, parfois lugubre.
Pareillement, si la route de Merrick croise celle de personnages moqueurs et sadiques, comme son « propriétaire », Bytes, prêt à tout pour récupérer sa poule aux œufs d'or qu'il exhibe en « foire aux monstres » alors très prisées, d'autres, « phénomènes de cirque » ou femme de théâtre, font preuve d'une grande bonté envers lui, qui nous touche autant que Merrick. On ne le voit plus du tout comme un « sujet d'étude », mais comme un homme emprunt d'une intelligence hors norme et d'un cœur tendre pour qui nous développons petit à petit un attachement, qui nous fait espérer une fin heureuse quelles que soient les épreuves qu'il doit traverser.
À droite, le docteur Fréderik Treves |
Ainsi, avec une poésie subtile qui n'oublie jamais la cruauté des hommes, David Lynch dépeint avec une grande sensibilité la vie de Merrick qui, sans tomber dans le voyeurisme ou la fatalité, parvient à créer un attachement certain entre le spectateur et son personnage.
« Je suis un être humain ! » scande-t-il, poursuivi par une foule hystérique prête à le dévorer. Il est humain, nous sommes humains, et ce film nous le rappelle bien. Petite larme de fin garantie.
Plutôt bande dessinée, film ou livre historique ?
Quelle est l'oeuvre qui vous attire le plus ?
Vous avez aimé cet article ?
Merci pour cette revue, je n'avais entendu parler d'aucun de ces ouvrages alors qu'ils ont l'air passionnants !
RépondreSupprimerBonjour Constance,
SupprimerEn effet, ils sont aussi différents que passionnants !
Aimie a su proposer une sélection variée, capable de répondre aux préférences de chacun selon les supports.
SupprimerTrès belle soirée
Coucou Natie,
RépondreSupprimerJ'ai vu le film de David Lynch il y a longtemps. C'est un film dur, bouleversant, mais magnifique...
Gros bisous
Anne www.absolutelyfemme.com
Bonjour Anne,
SupprimerEn effet, c'est un film difficile mais avoir absolument. :)
Oh oui, je l'ai vu qu'une seule fois et il m'a profondement marqué.
SupprimerGros bisous Anne
bonjour, comment vas tu? merci pour cette revue. le film m'intéresserait bien. passe un bon lundi et à bientôt!
RépondreSupprimerJe vais bien, j'espère que tu te portes bien également. :)
SupprimerJe te le recommande vivement!
N'hésite, il est superbement réalisé.
SupprimerA tres vite
J'apprécie les oeuvres basés sur des faits réels alors ta sélection me parle et plus particulièrement Dans le nu de la vie qui évoque un drame dont je connais peu de choses...
RépondreSupprimerJe te le recommande vivement Audrey. C'est une façon humaine d'en apprendre plus sur ce drame.
SupprimerN'hésite pas à le lire. Tu le trouveras su^rement en médiathèque.
SupprimerCoucou, merci pour ces découvertes, les trois sujets m'intéressent et je pense que je vais en priorité lire la BD car j'adore ce support ! Bonne journée
RépondreSupprimerElle se lit en un éclair !
SupprimerC'est un support très facile à lire : pour une première fois sur le sujet, tu pourras en apprendre plus sur la personnalité de cette personne.
SupprimerBelle soirée
Coucou
RépondreSupprimerMerci beaucoup Aimie pour ce bel article.
Si bien présenté et bien écrit.
Tout ce qui est art ça m'intéresse beaucoup.
Je tiens à souhaiter à toi et ta maman une excellente semaine !
https://helenamybeauty.over-blog.com/2023/06/ringana.html
Coucou Helena,
SupprimerMerci pour ce beau compliment. Je te souhaite une agréable semaine à toi aussi. :)
Je te souhaitre également une très belle semaine.
SupprimerCoucou il me semble avoir vu le film il y a bien longtemps, très poignant ! à bientôt
RépondreSupprimerC'est le genre de film que l'on n'oublie pas, mais qu'on peut difficilement regarder une seconde fois tant il est bouleversant.
SupprimerOh oui je l'ai vu il y a fort longtemps et effectivement, c'est un film qui marque.
Supprimerbravo pour cette sélection. Tous les supports me plaisent tant que le thème me va ^^ ça me parle énormément, je pense qu'on a les mêmes références ta fille et moi ! bisous
RépondreSupprimerJe suis contente que cette sélection t'ait plu. :)
SupprimerAimie aura l'occasion d'alimenter sa rubrique Pépite d'Art, un thème qu'elle aime tout particulièrement.
SupprimerBisous .
Coucou Aimie,
RépondreSupprimerIntéressante cette sélection !
Je suis plutôt films, j'ai vu la série de tueur en série Dahmer et effectivement c'est macabre ....
On ne peut oublier Elephant Man, bouleversant et dur à la fois !
Des bisous ;)
Hello !
SupprimerJ'ai entendu parler de cette série. Evan Peters est un excellent acteur, que j'ai connu avec la série American Horror Story. Il sait incarner des personnages dérangés !
Bonjour Aimie,
RépondreSupprimerJe ne suis pas très BD mais celle que tu nous présentes me plairait certainement. Je n'ai pas vu le film Elephant Man et je devrais sans doute le visionner; par contre j'ai déjà vu une pièce de théâtre sur cette histoire, qui m'a beaucoup émue.
Merci pour ces suggestions, bisous
Hello Isabelle,
SupprimerElephant man au théâtre, ce doit être bouleversant. Bradley Cooper l'a incarné à Broadway et les critiques étaient dithyrambiques !