Le Bel Indifférent Théâtre du Nord-Ouest : une tragédie d’amour

La pièce Le Bel Indifférent marque mon retour au théâtre après de longs mois d’éloignement, imposé par la crise sanitaire. Pour fêter la réouverture des lieux de culture et de divertissement, nous avons choisi de nous rendre au théâtre du Nord-Ouest, afin d’y découvrir une adaptation de la pièce en un acte de Jean Cocteau, écrite en 1940 pour Edith Piaf. L’amour, l’attente, l’éloignement et la solitude : voici notre retour sur cette adaptation de Patricia Piazza.

Le Bel Indifférent Théâtre du Nord-Ouest

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Le Bel Indifférent est joué au théâtre du Nord-Ouest dans le IXe arrondissement de Paris, situé à proximité du Musée Grévin. Si le théâtre a été créé en 1997, ces murs furent le lieu de divertissements dès 1945, avec notamment le célèbre Club des Cinq qui accueillit les vedettes de l’époque : Edith Piaf, Yves Montant ou encore Charles Trenet. Passé de mode, il se transforme en 1954 en cinéma, puis en salle de concert, pour finalement devenir le théâtre du Nord-Ouest en 1997. 

Auto-géré par des comédiens, ce théâtre associatif programme de nombreuses œuvres classiques. Avec ma fille Aimie, notre attention s’est portée sur Le Bel Indifférent, un spectacle imaginé par la troupe Les Filles de Gaïa. Cette compagnie ne m’est pas inconnue, puisque je l’ai découverte en 2019 avec la pièce Sachons vaincre… ou sachons périr. La compagnie a la particularité de mettre à l’honneur le théâtre, le chant ainsi que la danse. 

Une tragédie d’amour de Jean Cocteau

Le Bel Indifférent est une pièce spécialement écrite pour Edith Piaf  par l’académicien français Jean Cocteau, à la fois poète, dramaturge, cinéaste et peintre. L’auteur se serait directement inspiré de la chanteuse et de la relation qu’elle entretenait avec le comédien Jean Meurisse. C’est ainsi qu’à travers ce monologue, Cocteau met en scène dans ce drame psychologique deux personnages où une femme parle à son amant, sans que celui-ci ne lui réponde. On y parle d’amour, de sentiment d’abandon, de dépendance et de trahison.

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Avis sur Le Bel indifférent

Patricia Piazza a adapté et mis en scène ce recueil de textes en situant l’action dans les années 60. On retrouve les deux personnages dans une chambre d’hôtel parisien, usée par le temps, sans charme, décorée d’un mobilier vétuste et dépareillé. En fond, La vie en rose d’Edith Piaf apporte un peu de vie à cette atmosphère où la tristesse semble avoir pris ses quartiers. 

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Andréa tourne en rond dans cette petite pièce : elle finit par s’installer devant la table où des bouteilles d’alcool vides s’amoncellent à même le sol. Andréa se désespère, son Amour n’est toujours pas entré. Seule et attristée, elle attend son Emile, son âme sœur, sa passion. Un Emile qui préfère les boîtes de nuit, un menteur infidèle qui ne daigne même pas lui répondre, quand enfin, il décide de rentrer. Peu importe, elle l’a dans la peau, férocement, elle est prête à tout pour lui. Un amour qui la consume, qui torture son esprit… Elle veut savoir où il était, mais Emile l’ignore encore et encore. Sans son amant, Andréa est perdue, elle n’est plus rien sans lui. Elle n’en peut plus de cette indifférence, la colère monte, les esprits s’enflamment, laissant exploser la souffrance et la détresse. Andréa veut y croire, mais elle est au paroxysme de la colère : toutes ses émotions sont exacerbées, la plaçant sur le fil du rasoir. 

J’ai été fascinée par la performance scénique et vocale de Patricia Piazza, qui est tout simplement époustouflante dans son rôle. Elle parvient à habiter majestueusement son personnage, en exprimant le ressenti de cette femme, totalement dépendante de sa relation amoureuse. Comme on aimerait venir en aide à Andréa, lui dire qu’elle peut vivre sans lui ! Qu’on aimerait la sortir de cette relation qui la détruit psychologiquement ! Andréa est si vivante : elle n’est plus un simple personnage de fiction, mais une véritable personne qui se laisse consumer sous nos yeux. Le jeu de Patricia Piazza est si authentique qu’il en est bouleversant.