C'est l'histoire d'un valet qui pensait mener la belle vie grâce à son don d'hypnotiseur jusqu'au jour où... Dormez, je le veux de Georges Feydeau est un vaudeville un peu à part, et d'autant plus que la troupe Saynète et sans bavure a eu l’ingénieuse idée de moderniser cette comédie... en chanson ! Direction le Théo théâtre de Paris pour un moment de grande folie !
Dormez, je le veux
Théo Théâtre
Dormez, je le veux est programmé jusqu'au 24 mars 2019 au Théo Théâtre, un théâtre parisien situé dans le 15eme arrondissement. Ce lieu de spectacle, créée en 1995, dispose de deux salles Théo (51 places) et Plomberie (73 places). C'est dans cette dernière qu'a eu lieu la représentation de cette pièce.
Dormez, je le veux est jouée par la troupe Saynète et sans bavure. Créée en 2011, elle a pour but de jouer un nouveau spectacle chaque année dans le domaine de la comédie et cela en partenariat avec Sylvie Auger (de Action et Cie), qui s'occupe de la mise en scène.
Lorsque la compagnie a décidé de jouer un Feydeau, leur choix s'est porté vers une pièce moins connue, plutôt que de remettre en scène une œuvre mainte fois exploitée au théâtre, d'où cet attrait pour Dormez, je le veux.
La particularité d'adaptation de Dormez, je le veux réside dans le fait que les textes sont associés à des chansons du répertoire français. Cela a pour but de renforcer le côté comique de la pièce en lui apportant un côté décalé, tout en veillant bien sûr à ne pas dénaturer l'oeuvre de l'auteur.
La particularité d'adaptation de Dormez, je le veux réside dans le fait que les textes sont associés à des chansons du répertoire français. Cela a pour but de renforcer le côté comique de la pièce en lui apportant un côté décalé, tout en veillant bien sûr à ne pas dénaturer l'oeuvre de l'auteur.
Premier plan : de gauche à droite Sébastien Lumbreras et Stéphane Théron (crédit photo Madeleine Tisserand Chamak) |
Dormez, je le veux nommé aux P'tits Molières
Dormez, je le veux est une pièce tréâtrale en un acte du XIX eme siècle de Georges Feydeau. Le journaliste Paul-Emile Chevalier en fait la critique en mai 1897 dans le journal Le Ménestrel (page 139), en spécifiant que la pièce, jouée pour la première fois à l'Eldorado le 29 avril 1897, aurait été écrite quelques années auparavant.
↪ Comme la pièce est tombée dans le domaine public, vous trouverez facilement l'intégralité du texte sur le net.
Adaptée en 2015 par la troupe Saynète et sans bavure, Dormez, je le veux a été joué de nombreuses fois au théâtre et depuis 2016, chaque semaine au Théo théâtre. Elle a eu le privilège d'être nommée dans la catégorie Meilleur spectacle d'humour aux P'tits Molières en 2018.
Dans Dormez, je le veux, il est notamment question des rapports entre le bourgeois et son domestique, abordé de façon comique. C'est ainsi qu'on fait la connaissance de Justin qui utilise son don hypnotique sur son maître Boriquet : il peut ainsi lui faire remplir toutes les tâches domestiques que son statut lui confère ! Jusqu'au jour où Boriquet souhaite se marier au grand désespoir de son valet. Celui-ci va tout faire pour l'en empêcher.... Mais rien n'est jamais simple dans la vie, surtout dans un Feydeau !
Premier plan : de gauche à droite Olivier Bauwens et Alexan Bidou (crédit photo Madeleine Tisserand Chamak) |
L'hypnose au 19eme siècle
Au 19eme siècle, les mots magnétisme et hypnose avaient pratiquement la même signification. La notion d'hypnose est apparue au 18eme siècle où l'on parle alors de crise magnétique et de comportement surnaturel lorsqu'une personne est sous hypnose. Si vous souhaitez en savoir plus, n'hésitez pas à relire mon article sur Hypnose & moi, où j'explique ce qu'est l'hypnose et comment on peut hypnotiser une personne. Mais revenons à Dormez-je le veux.
George Feydeau est un auteur essentiellement connu pour ces vaudevilles (des pièces théâtrales à vocation comique, dont l'intrigue repose notamment sur des quiproquo). La dame de chez Maxim que je vous ai présenté fin 2017, en est un parfait exemple. Avec Dormez, je le veux, le style est un peu à part, mais l'histoire imaginée par Georges Feydeau se veut toujours résolument comique, et de ce fait à vocation divertissante. Il utilise pour cela, l'hypnose comme moteur, puisque c'est un sujet qui fascine alors un grand nombre de personnes.
Feydeau exploite donc le dit magnétisme en permettant à l'un de ces personnages - Justin - d'utiliser sa capacité d'hypnose pour soumettre le bourgeois Boriquet à ses moindre désirs... L'arrivée du Docteur Valencourt, médecin spécialiste en hypnose magnétisme et de sa fille Emilienne, la fiancée de Boriquet, va grandement inquiéter Justin qui craint de ne plus pouvoir mener la belle vie !
IMPRESSION SUR Dormez je le veux
Le hasard a voulu que j'assiste le 17 février à la 100 eme représentation de Dormez, je le veux ! Cela a dû être un moment particulier pour la troupe et une grande fierté aussi, d'autant plus qu'ils ont fait salle comble ce soir là. L'emplacement étant libre, je me suis installée là où il restait de la place : au quatrième rang. Heureusement, la visibilité sur la scène reste bonne, permettant de profiter pleinement de ce moment de théâtre.
Conformément à mes habitudes, je prends le temps d'observer la scène : en son centre, une table et deux chaises, au mur plusieurs tableaux et dans un coin, un fauteuil et un guéridon. Soudain, des cris, un homme fait éruption et au loin, on entend un autre homme qui rencontre des difficultés à déplacer une malle.
C'est ainsi que nous faisons la connaissance de Justin, le valet de Boriquet et d'Eloi, le valet du Docteur Valencourt. Voyant combien Eloi peine dans sa tâche, Justin lui révèle que grâce à son pouvoir d'hypnose, il parvient à faire accomplir toutes ses besognes à son maître. Ce valet a assurément la belle vie, mais celle-ci risque d'être compromise prochainement... En effet, Boriquet projette d'épouser Emilienne la fille du Docteur Valencourt ! Justin met tout en oeuvre pour l'en empêcher, mais c'était sans compter une succession d’imprévus...
Dormez, je le veux : une comédie du 19eme siècle modernisée
Comme il est rare d'assister à un Feydeau qu'on ne connaît pas ! Le moins que l'on puisse dire est que l'attrait comique est au rendez-vous dès les premières minutes de la pièce. Mais ce n'est pas tout, car les comédiens parviennent également à établir immédiatement une belle complicité avec le public, qu'ils savent maintenir tout au long de la représentation. C'est ainsi que le sourire s'est fixé sur mon visage et y est resté bien après la fin de la représentation !
Dormez, je le veux est une comédie française burlesque qui aborde des sujets en phase avec son siècle : relation entre le maître et ces valets, le mariage arrangé entre bonne famille, l'hypnose très à la mode au 19eme siècle et même les fameuses actions de Panama, le big scandale de l'époque. Des sujets qui sont clairement vieillots de nos jours, mais fort heureusement, la façon dont la pièce est adaptée est très originale !
Des chansons un brin décalées !
En effet, pour accompagner les textes, la troupe Saynète et sans bavure a eu l'idée d'accompagner l'oeuvre de Georges Feydeau, de chansons françaises au répertoire des plus éclectiques ! Cela a la faculté de lui apporter une touche de modernité et d'autant plus que les chansons choisies - dont certains vont vous surprendre - apportent un côté totalement décalé aux textes. Nous nous surprenons même à chanter en chœur avec la troupe la chanson finale. Nul doute de Ray Ventura va marquer votre esprit et votre soirée ! Les enfants - et les adultes - auront surement la curiosité d'aller faire un tour sur YouTube pour la réécouter !
Des comédiens terriblement efficaces
Si on ajoute à cela la performance hautement dynamique des six comédiens, que nous découvrons au fur et à mesure, nous assistons à un cocktail ultra énergique capable de répandre dans la salle une belle dose de bonne humeur ! J'ai particulièrement apprécié la complicité palpable entre les comédiens et leur jeu, où mimique et gestuelle sont exploités à son paroxysme. La scène du thé entre Francine - la sœur de Boriquet - et Emilienne - la fiancé - en est le parfait exemple. Cela occasionne de sacrés fous rires, autant lors des moments silencieux qu'animés ! On se délecte du minois d'Emilienne lorsqu'elle goûte à son breuvage... Mais je ne vous en dirais pas plus !
Un rythme soutenu
Tout ce que je peux vous dire est que cette pièce bénéficie d'un rythme très soutenu pour notre plus grand bonheur ! Les six comédiens ont su donner vie à des personnages hautement gratinés qu'on a grand plaisir à observer. Cette troupe, c'est tout simplement du bonheur en bouteille tant elle a cette capacité de générer une sensation de joie, grâce à leur interprétation débordante d'énergie ! On rit, encore et encore devant autant de drôlerie.
En conclusion : Dormez, je le veux est une pièce que je recommande à toute la famille, ainsi qu'aux enfants qui auront une première approche du style vaudeville - toujours aussi efficace - tout en ayant le plaisir de découvrir des chansons d'un autre temps... qu'ils ne risquent pas d'oublier de sitôt ! Un grand bravo à la troupe Saynète et sans bavure qui nous a offert un grand moment de divertissement totalement délirant où la bonne humour est de mise ! Un big bravo pour leur enthousiasme.
Envie d'un deuxième avis ? Voici le lien de l'article de Bénédicte du blog Princesse acidulée.
Envie d'un deuxième avis ? Voici le lien de l'article de Bénédicte du blog Princesse acidulée.
Avez-vous un Feydeau préféré ?
Avez-vous une pièce de théâtre, film, série... comique à me partager ?
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Informations :
Théo Théâtre 20 rue Théodore Deck 75015 Paris
Du 17/02 au 24 mars 2019
- Présent à Avignon en 2019 (25 rue Saint-Jean le Vieux, Place Pie 84000 Avignon) -
- Présent à Avignon en 2019 (25 rue Saint-Jean le Vieux, Place Pie 84000 Avignon) -
Prix : 17 à 22 €
Le dimanche à 19h
Auteur : Georges Feydeau
Comédiens (selon représentation) : Deniz Atay, Olivier Bauwens, Laetitia Bonmartel, Alexan Bidou, Florine Celestin, Isabelle Degraeve, Alexandre Guédé, Arnaud Kob, Sebastien Lumbreras, Lucile Noury, Stéphane Théron
Metteur en scène : Sylvie Auger
Comédiens (selon représentation) : Deniz Atay, Olivier Bauwens, Laetitia Bonmartel, Alexan Bidou, Florine Celestin, Isabelle Degraeve, Alexandre Guédé, Arnaud Kob, Sebastien Lumbreras, Lucile Noury, Stéphane Théron
Metteur en scène : Sylvie Auger
Durée : 1h10