Je vous emmène à Montmartre et plus particulièrement au Théâtre Le funambule afin de vous présenter Femmes de fermes, une pièce de théâtre sur la conditions des femmes dans le milieu agricole. Voici mes impressions sur cette pièce riche en émotions.
Avis sur la pièce Femmes de fermes
⇒ Sortie Théâtre Le funambule Montmartre ⇐
Femmes de fermes se joue jusqu'au 19 décembre 2017 au théâtre Le funambule Montmartre, situé dans le 18 eme arrondissement de Paris. Ce petit théâtre de quartier propose depuis 30 ans des spectacles de tous horizons en valorisant des comédiens encore inconnus mais prometteurs et cela dans une salle pouvant accueillir 120 personnes. C'est donc à travers la pièce Femmes de fermes que j'ai découvert ce lieu dédié au art grâce à ma complice Bénédicte du blog Princesse acidulée.
Femmes de fermes
d'après l'ouvrage de Marie-Anne Dalem
Henri Dalem crédit photo @Christelle Billault |
Cette pièce est le fruit de la création collective de la compagnie Paradoxe(s), d'après le livre de Marie-Anne Dalem. Publié en 2008, cet ouvrage rapporte les témoignages d'une soixantaine de femmes d'hier et d'aujourd'hui, de son département d'origine, le Doubs. De la fillette à la jeune fille, de la femme à l'épouse puis de la mère et la femme vieillissante, chacune nous décrit sa vie à la ferme à travers son quotidien : scolarité, l'amour, le travail de la ferme et leurs perceptives d'avenir.
Après de nombreuses représentations, la pièce créée en 2010 arrive enfin à Paris ! J'avais hâte de la découvrir d'autant qu'elle a obtenu le Prix Coup de Cœur du club de la Presse au Festival d’Avignon en 2012. C'est justement de cet essai sociologique qu'est née la pièce Femmes de fermes grâce à la compagnie Paradoxe(s), fondée en 2008 par Paméla Ravassard et Henri Dalem (fils de Marie-Anne Dalem). La compagnie, installée en Franche-Comté, valorise les œuvres contemporaines qu'elle joue dans toute la France, en privilégiant le milieu rural où l'accès au théâtre contemporain est moins aisé.
Avis sur Femmes de fermes
L'emplacement étant libre, nous nous sommes installées au premier rang, bénéficiant ainsi d'une excellente vue sur la scène.
crédit photo @Christelle Billault |
A l'ouverture du rideau, je découvre une scène dépouillée, où seules quelques chaises et un pupitre font office d'accessoires. L'attention se porte alors immédiatement sur les trois femmes qu'on imagine aisément âgées, au vue de leurs postures et leurs masques aux traits caricaturaux. Ces femmes, cannes à la main, semblent observer quelque chose... C'est alors qu'on comprend que l'on souhaite recueillir leurs souvenirs de l'époque où elles-mêmes travaillaient à la ferme. La lumière s'éteint, et ce sont des femmes de toutes générations qui nous dévoilent avec simplicité et émotion leur parcours à la ferme.
Une émotion qui se veut juste
Ces tranches de vie sont interprétées par trois comédiennes, qui incarnent à chaque fois un rôle différent. J'ai été émerveillée par leur capacité à s'imprégner, du plus profond de leur âme, de leur personnage. Pourtant, elles ont à leur actif une centaine de représentation mais malgré cela, elles ont su garder cette émotion qui se veut juste sans jamais être surfaite. C'est ainsi qu'au gré des personnages, on passe du rire grâce aux scènes cocasses - comme avec la scénette sur la succession - à une grande empathie. J'ai d'ailleurs versé une larmichette tant un passage m'a émue.
On prend ainsi connaissance de ce que pouvait être la vie d'une femme de ferme, aussi bien pour une jeune fille, une femme, une épouse ou bien une mère. De la jeune fille qui s'interroge sur ses premiers émois amoureux, aux tabous, à la scolarité, du travail à la ferme, des perceptives d'avenir parfois compromis aussi bien en amour que dans le choix professionnel, de la dureté du travail. Même si la technologie a permis de faciliter certaines tâches, on prend conscient de la difficulté contemporaine qui s'est greffée avec toutes les tragédies que cela peut entraîner. D'ailleurs, le sujet du suicide y est aussi abordé, toujours avec grande intelligence sans aucun voyeurisme.
On se rend aussi compte des journées chargées et des tâches quotidiennes qui se succèdent sans cesse avec la traite des bêtes qui se mêle aux obligations familiales de la mère qui doit gérer son foyer. De la fatigue qui s'installe, aux difficultés financières, de la charge administrative parfois trop pesante. Un travail à la ferme qui occupe tellement les pensées qu'une femme en témoignant aura ce lapsus révélateur J'ai trois vaches et 50 enfants... ! J'ai été particulièrement émue lorsqu'une femme lit une lettre que sa mère avait laissé dans un tiroir : elle y annonce son départ, lasse de cette vie qui risque de la tuer si elle ne part pas...
Des comédiennes de talents
Cette pièce est remarquablement servie par ses comédiennes grâce à leurs interprétations, toutes en sincérité et authenticité.
crédit photo @Christelle Billault |
- Muriel Racine : Formée au conservatoire de Besançon, la comédienne a joué dans de nombreuses pièces dont L'Avare, l'Ecole des femmes ou Roméo et Juliette mais également au cinéma et à la télépvision.
- Pamela Ravassard : Formée au conservatoire d'Art dramatique de Franche-Comté, elle a joué aussi bien au théâtre - Antigone - qu'à la télévision dans Alice Nevers. Elle est également assistante de mise en scène notamment à la comédie française dans Tartuffe, en plus de faire de nombreux doublages. Toutes ces expériences lui ont permis de parfaire son jeu de comédienne.
- Marie-Aline Roule : Formatrice à la prise de parole, elle a travaillé auprès d'étudiants afin de faciliter leur aisance verbale. Elle est actuellement professeur d'anglais aux cours Florent. La comédienne a aussi joué au théâtre auprès de plusieurs compagnies (Paradoxe(s), Les Sang liés) et l'association Graine de scène.
En conclusion: Femmes de fermes est une pièce qui a su, grâce à la pertinence de sa mise en scène, offrir un bel hommage à toutes ces femmes. C'est une belle synthèse de vie qui nous est transmis avec intelligence, réalisme et humanité. Notons aussi la performance des trois comédiennes qui ont su jouer avec justesse et sensibilité.
Connaissez-vous ce théâtre ?
Représentation:
Du 23 octobre au 19 décembre 2017
Le lundi à 19h30 et le mardi à 21h
53 rue des Saules Paris 75018
Prix: de 10 à 28 €
Durée: 1h10
Paradoxe(s) : Compagnie Pamela Ravassard & Henri Dalem
Comédiens: Muriel Racine, Pamela Ravassard, Marie-Aline Roule
Mise scène : Henri Dalem
Assistant Metteur en scène : Garlan Le Martelot
Lumières : Cyril Manetta